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Volume 1, 2012
3e Congrès Mondial de Linguistique Française
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Page(s) | 1369 - 1386 | |
Section | Morphologie | |
DOI | https://doi.org/10.1051/shsconf/20120100151 | |
Publié en ligne | 5 juillet 2012 |
Elements de morphologie quotidienne - Contribution à l'étude des conditionnements de l'épenthèse présuffixale
1
CLVA, 22, allée de Montcalm, 31520 Ramonville, France
2
Université Toulouse-Le Mirail, Le Péloy, Estantens, 31600 Muret, France
* contact : plenat@univ-tlse2.fr
L'examen d'un corpus réuni systématiquement en explorant la Toile montre que le choix des consonnes épenthétiques précédant à l'occasion le suffixe dans les très nombreux dérivés suffixaux des noms de jour de semaine n'obéit qu'en partie à des contraintes phonologiques. Certes, dans la plupart des cas, ces consonnes appartiennent à la classe des dentales, occlusives (comme dans lunditesque ou mercredinal) ou fricatives (comme dans lunditien ou vendredisiaque), et l'on peut considérer ce point d'articulation comme non marqué. On constate toutefois que la dentale choisie fait à l'ordinaire partie de celles qui sont les plus fréquentes devant la finale considérée dans le lexique mémorisé. Quand tel n'est pas le cas, on peut montrer qu'entre en ligne de compte la séquence qui précède la syllabe finale : vendredisiaque est influencé par aphrodisiaque et paradisiaque. Autrement dit, le dérivé tend à rimer richement ou même léoninement avec des sous-séries prégnantes de la série suffixale en cause. Dans la définition de ces sous-séries entrent aussi des éléments syntaxiques et sémantiques. On peut montrer ainsi que le choix de la sifflante sourde /s/ comme consonne épenthétique devant -ien est caractéristique des dérivés nominaux et subit l'influence de l'importante sous-série des dérivés nominaux en -icien. Pour ce qui est de la sémantique, elle seule permet d'expliquer l'insertion de consonnes épenthétiques très marquées ou même de syllabes supplémentaires. Les cas les plus frappants sont ceux des dérivés – abondamment attestés – en -cal (comme mercredical) et en -nical (comme lundinical), qui sont manifestement influencés par dominical. On conclut de cet ensemble de phénomènes que des contraintes lexicales viennent seconder ou contrarier les contraintes purement phonologiques : les insertions tendent à se conformer à des schèmes saillants soit par leur nombre, soit par leur proximité avec le dérivé en cours de création.
© aux auteurs, publié par EDP Sciences, 2012