Numéro |
2010
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Numéro d'article | 134 | |
Nombre de pages | 14 | |
Section | Sociolinguistique et écologie des langues | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cmlf/2010030 | |
Publié en ligne | 12 juillet 2010 |
Tu lui les as donnés ? Variation dans l’ordre des pronoms multiples en phrases déclaratives
Michigan State University, 213 Old Horticulture Building, French, Classics, and Italian, East Lansing, AK MI 48824, USA
Contact : violinwi@msu.edu
Cette communication se propose d’analyser la flexibilité de l’ordre des pronoms multiples de la troisième personne dans les phrases déclaratives dans une petite ville du sud-est de la France, Briançon (dans les Hautes-Alpes). Cette variation semble rare puisqu’elle n’est mentionnée, dans les études publiées, que par Tuaillon (1983) comme étant un « régionalisme assuré » se rencontrant dans la partie méridionale du bassin du Rhône. Afin d’étudier si les Briançonnais acceptent les deux ordres possibles (« le lui » ou « lui le », par exemple), un questionnaire demandant d’évaluer l’acceptabilité de 36 phrases contenant chacune des six combinaisons possibles de pronoms de la troisième personne dans une variété d’environnements syntaxiques et phonétiques a été distribué et rempli par 41 personnes ayant grandi dans cette région. Les résultats statistiques, utilisant le logiciel de régression logistique GoldVarb, montrent que certaines combinaisons sont jugées comme étant préférables à d’autres. En effet, dans la majorité des cas, les Briançonnais préfèrent l’ordre standard à l’ordre opposé. Ils ne rejettent pas cependant toutes les phrases suivant l’ordre opposé. Dans certains cas, ils préfèrent même cet ordre à l’ordre standard (comme avec « leur les » + voyelle et « leur la » + consonne). Les résultats statistiques suggèrent aussi une évolution en temps apparent qui semble coïncider avec les changements économiques de la région, tels que le développement du tourisme à partir des années 1960, mais aussi la possibilité d’age grading. Les autres facteurs sociaux significatifs sont la mobilité des participants, ainsi que l’origine de chacun des parents. Les résultats soulèvent aussi la question au cœur de cette étude : s’agit-il vraiment d’un régionalisme grammatical, comme Tuaillon le déclare ? Si régionalisme il y a effectivement, quelle est son extension géographique ? Ou est-on plutôt face à un phénomène de français oral ? L’extension du corpus à des locuteurs d’autres régions de France est nécessaire avant de pouvoir répondre à ces questions.
© Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2010